Aux origines du phénomène : les “Supertoscans”, enfants terribles de la Toscane
Les racines de cette rébellion remontent aux années 1970, dans les collines du Chianti et du Maremme. À cette époque, le cahier des charges du Chianti interdisait l’utilisation de certains cépages comme le Cabernet Sauvignon : seul le Sangiovese, additionné parfois de blancs (!), était autorisé. Or, quelques vignerons visionnaires — Antinori, San Guido, Tenuta dell’Ornellaia… — eurent l’audace d’ignorer les règles. Préférant l’excellence à la conformité, ils composèrent des rouges en coupant, par exemple, Sangiovese et Cabernet Sauvignon, ou élevèrent en barrique à la bordelaise.
Résultat ? D’après la loi, ces merveilles ne méritaient que la mention humble de vino da tavola. Mais le succès fut immédiat, à commencer par le légendaire Sassicaia (Tenuta San Guido), qui dès sa première mise en vente en 1968, affola la critique internationale. Suivirent Tignanello (Antinori), Ornellaia, Solaia… Tous classés simples “vins de table”, mais vendus parfois plus chers que les plus grands DOCG.
Pour donner la mesure du choc : lors d'une dégustation à l’aveugle en 1978 à Londres, le Sassicaia devança des Premiers Crus bordelais ! (source : Decanter). Les Américains, eux, se ruavaient littéralement sur ces “Supertuscans”. Le marché, pas l’appellation, régnait.