Une histoire italienne des vins nature : racines et basculement
L’Italie, c’est 20 régions, plus de 350 cépages autochtones, un enchevêtrement d’appellations parfois confidentielles. Paradoxalement, la révolution nature est née à la marge, sur fond de crise d’identité. Revenons à l’aube des années 2000 : l’Italie viticole sort à peine de décennies marquées par l’industrialisation, les gros rendements, et – n’ayons pas peur des mots – plusieurs scandales, dont celui du vin au méthanol dans les années 1980 (Le Monde).
Les consommateurs, notamment à l’étranger, réclament des vins “propres”, typés, sincères. Quelques pionniers se détournent alors des modes bordelais ou supertoscanes pour rendre la parole à leurs raisins :
Angiolino Maule dans la Vénétie, les frères Poderi Sanguineto en Toscane, Cornelissen sur les pentes volcaniques de l’Etna, ou encore Radikon en Frioul. Leur point commun ? Assumer des vins parfois “troubles”, dont la couleur et le goût sortent des sentiers battus, mais racontent leur terre. Au fil des années 2000-2010, ce qui n’était qu’une petite niche rebelle s’étend : aujourd’hui, on estime à plus de 1300 domaines “nature” en Italie, un nombre en croissance de près de 10% par an depuis 2017 (Gambero Rosso, 2023).