Sous le vernis de la notoriété : pressions économiques et dérives
L’effet « marque » des grandes DOCG
L’essor planétaire de certaines appellations italiennes a attiré les convoitises. Brunello di Montalcino, Amarone della Valpolicella ou Prosecco DOCG sont devenus de véritables marques. À tel point que, selon Coldiretti, près de 5 milliards de bouteilles labellisées DOP/IGP ont été produites en Italie en 2022 !
Face à un tel engouement, les structures coopératives et les grands groupes se sont engouffrés dans la brèche, tirant parfois la production vers une standardisation, quitte à éloigner le vin de son terroir d’origine. On a vu émerger, au cours des années 2010, des scandales : le faux Brunello (tricheries sur les cépages), les sur-rendements et le recours massif à la technologie œnologique pour « formater » un goût.
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Après 2008, une enquête sur le Brunellopoli a révélé la présence de cépages étrangers dans des cuves estampillées Sangiovese (source : Il Sole 24 Ore).
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Le Prosecco, passé de 150 millions à près de 600 millions de bouteilles en 15 ans, fait face à des dérives de volumes, parfois au détriment de la qualité (d’après le rapport Ismea 2022).
La tentation du « minimum syndical »
Par crainte de perdre leur certification, certains producteurs préfèrent produire un vin « conforme », sans prise de risque. D’autres multiplient les cuvées seulement pour profiter de la notoriété d’une appellation. Résultat ? On trouve, sous une même étiquette DOC ou DOCG, des vins exceptionnels mais aussi beaucoup de bouteilles très banales. L’homogénéisation menace la diversité.